Sommes-nous libres d’aller mieux?

Avez-vous déjà été exaspéré par quelqu’un qui semble se complaire dans une répétition d’erreurs ou dans son malheur – et vous en rebattre les oreilles – ?  Avez-vous pensé « il n’a qu’à se secouer, prendre sa vie en main, changer » ? Ou peut-être êtes-vous de ceux qui entendent ces injonctions régulières à agir pour aller mieux, alors que bien sûr vous en êtes incapables, prisonniers d’un profond mal-être physique et mental qui vous immobilise ?

Pensez-vous qu’il y a une inégalité d’accès au bien-être intérieur ?
Je me pose régulièrement la question, et il me semble que l’époque, la culture, la famille, l’histoire personnelle rendent les choses plus ou moins difficiles.
Et puis chacun a-t-il le choix de requérir de l’aide ? Cela demande un certain nombre de processus cognitifs, avons-nous tous accès à ces processus, et sinon pouvons-nous tous nous le frayer ? Voilà ce que je voudrais tenter d’élucider ici :

Etre conscient

Pour vouloir améliorer notre état mental, il faut avant tout être en relation consciente avec cet état, c’est-à-dire être capable de l’identifier. Cela veut dire être conscient de la variation de cet état et de son impact sur nos sensations corporelles et notre santé au sens large. Être conscient d’une digestion douloureuse, d’un rythme cardiaque élevé, d’une douleur musculaire au premier abord inexpliqués. D’un sommeil couramment agité, d’une irritabilité ou au contraire d’une indifférence excessive, d’un niveau d’énergie insuffisant, d’un manque d’appétit… J’ai écrit plus haut « état mental », mais il s’agit en réalité d’un état général de tout l’être, fait d’allers retours constants, qui provoquent des réactions en chaîne, entre le corps et le cerveau. En être conscient donc. Être à l’écoute de notre corps et des sensations par lesquelles il traduit et impacte notre état mental.

Ressentir

Peut-être est-ce une évidence pour certains. Mais ma pratique d’accompagnant m’a bien souvent démontré le contraire, en particulier lors de coachings en entreprise, pour lesquels la personne coachée n’est pas toujours demandeuse, et ne s’attend pas à parler de ses états intérieurs. Elle croit qu’elle est là pour parler boulot. Et bien souvent comprend à peine ce que veut dire « ressentir ». bien des personnes ne parviennent pas à qualifier ce qu’elles ressentent et sont étonnées, voire ennuyées, quand on leur demande. C’est pourtant une information-clé, quel que soit l’objectif de la séance.

Cette absence de contact avec nous-même a des répercutions majeures sur le comportement et la vie tout entière. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas remarqué que nous étions épuisés que nous ne le sommes pas. En revanche, le jour où nous nous effondrerons, nous serons surpris et vraisemblablement démuni, et les conséquences n’en seront que plus dramatiques.

Il faut donc déjà avoir conscience que notre état intérieur est changeant et dirige nos comportements (et vice versa, c’est une boucle).

Nommer

L’étape suivante est d’être capable de nommer ces états, de la façon la plus fine que possible. Discerner l’excitation de l’énervement, la tristesse de la nostalgie, la colère de la combativité, le manque d’envie du rejet, la lassitude de la fatigue… Pouvoir affiner la description par une métaphore ou une comparaison (« je me sens comme navire sans gouvernail », ou « ça ressemble à ce que j’ai ressenti quand j’ai gagné ce match de tennis »). Identifier ce qui est à l’origine de cet état, pour pouvoir ensuite le re-convoquer ou au contraire l’éviter.
Ensuite, apprécier ce qui est maintenant nommé. Cet état est-il satisfaisant pour moi ? Ai-je envie qu’il perdure ? et si non quel autre état veux-je atteindre ? Et là à nouveau l’exercice de le décrire précisément, sans quoi il ne sera pas possible d’y parvenir.

Agir

Enfin, ce premier temps d’introspection passé (il peut ne durer que quelques secondes ou quelques minutes, mais aussi des semaines), il s’agit potentiellement de passer à l’action.
Or changer d’état demande de la méthode. Comment y parvenir ? Quel comportement adopter ? Qu’est-ce qui va pouvoir relancer ma motivation, baisser mon stress, adoucir ma tristesse … ?

Et puis enfin, lorsque l’on a cette réponse, comment trouver l’énergie ou la conviction suffisante pour opérer le changement ? La certitude que la démarche en vaut la peine, que le changement est possible, qu’on y a droit, que c’est juste ?

Nous voyons comment, à chaque étape de ce processus – que je décris, par souci de clarté, comme linéaire, mais qui en réalité est fait d’itérations successives – les obstacles peuvent s’accumuler pour le ralentir ou l’arrêter. La situation sera différente pour chaque chemin de vie. Une histoire familiale lourde, une éducation hostile à l’introspection, des relations parents-enfant défaillantes, une école un peu rude, une relation amoureuse toxique, un milieu professionnel brutal, tout cela peut concourir à l’insensibilisation – de surface – et au déni.

Changer est toujours possible

Il y a donc bien à mes yeux une forme d’inégalité devant l’accès au bien-être, indépendamment de la situation matérielle et de ce qu’on appelle la réussite sociale.

La bonne nouvelle est qu’il est toujours possible de surmonter cette inégalité. Les exemples de résilience ne manquent pas, et les accompagnants bienveillants et compétents peuvent faire la différence et même devenir ce que Boris Cyrulnik appelle un tuteur de résilience, quelqu’un sur qui s’appuyer pour retrouver sa forme d’origine et reprendre un chemin de croissance.

Alors si cet article a éveillé en vous un sentiment de familiarité, que vous voyez maintenant que vous pouvez être futur résilient ou futur tuteur, lancez-vous !

Le coaching, l’hypnothérapie et l’EFT sont de merveilleux outils sur ce chemin, vous pouvez venir les découvrir avec moi, ou d’autres praticiens. L’essentiel est de vous y mettre.

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