Je vous propose cette année de ne prendre aucune résolution. Et si vous vous demandez quelle mouche m’a piquée, rappelez-vous de vos résolutions de l’année dernière, et celles de l’année d’avant.
Non ? Pas de souvenir ? Parmi vous il y a ceux qui ont compris depuis longtemps que ces résolutions ne servaient à rien, et puis il y a ceux qui en ont pris, ne les ont pas tenues, ont culpabilisé, puis ont oublié.
Outre qu’elles sont donc presque toujours inutiles et potentiellement culpabilisantes (a-t-on vraiment besoin de ça ?), les résolutions de début d’année nous précipitent dans le futur de façon accélérée, un futur inconnu mais auquel on s’apprête déjà à demander des comptes, le rendant ainsi deux fois plus anxiogène.
Ce n’est pas le moment
Alors cette année, je vous propose autre chose. Cette idée de prendre des grandes décisions au mois de janvier est absurde. C’est le moment de l’année où tout ralentit ou s’endort dans la nature, où la lumière est la plus rare, le froid le plus intense, et les épidémies virales à leur pic.
Qui dans cet hémisphère à envie de se mettre à fond au sport, de devenir aimable avec son collègue qui lui tape sur les nerfs, d’arrêter de manger du Nutelas ou de commencer enfin ses cours de chant dans ces conditions-là ?
Ce n’est pas le bon moment ! Attendez que la sève remonte et que les jours rallongent pour vous mettre en ordre pour vos prochaines batailles. Vous accompagnerez alors la renaissance de la nature avec la juste énergie et beaucoup moins d’efforts.
En attendant, hibernez un peu, cultivez le calme, pourquoi pas une forme d’immobilité, dormez tout votre saoul, tenez-vous près de ceux que vous aimez et qui vous aiment, et renforcez vos défenses immunitaires avec les légumes de saison, du jus de grenade et des kiwis.
Mais vous me connaissez un peu, cette incitation à vivre plus lentement en cache une autre : observer ce qui se passe.
Observez ce qui change
En vous imposant un changement d’allure, non seulement vous vous mettez au diapason de la nature et rendez service à votre corps, mais aussi vous apportez une nouvelle perspective à votre vie : votre pensée elle-même change de rythme, de texture, de couleur.
En lâchant la pression des résolutions, qui ne sont que des injonctions déguisées que vous faites mine d’avoir délibérément choisies, vous offrez de l’espace à ce qui voudrait advenir spontanément mais n’est pas toujours vu, senti, entendu.
Par ce temps de repos, vous permettez à ce qui restait enfoui sous des couches d’obligations, de croyances, d’activité parfois désordonnée, d’habitudes devenues obsolètes, de surgir à la surface.
Vous laissez aussi votre inconscient exister plus librement, faire un travail silencieux de réglage et vous fournir de nouvelles intuitions.
Le temps de l’inaction peut aussi être celui des solutions. Combien de fois vous êtes-vous élancé tête baissée en réaction à une difficulté, sans prendre le temps de la réflexion, pour ensuite défaire que ce vous aviez d’abord fait ? Toute solution prend du temps à émerger, chaque chose demande que soit respecté le temps nécessaire au processus de transformation. Transformation des émotions, des pensées, des comportements.
Enfin cette pause hivernale vous offre aussi l’occasion de vous faire du bien, de revenir à vous, à vos envies, à votre paresse, à votre bien-être le plus profond, qui s’épanouit souvent dans l’absence d’action.
Faites votre devoir
Et si vous faites partie de ceux, nombreux, qui n’osent pas s’offrir cela, parce que ça vous paraît égoïste ou trop facile, que vous pensez qu’il faut souffrir pour mériter un peu de bonheur (vous pourriez relire mon article sur le sujet pendant votre prochaine pause, et celui qui lui est lié), dites-vous que se faire du bien est un devoir sociétal. Car si vous n’allez pas bien, comment allez-vous accompagner, ou simplement vivre avec les autres ? Quels poids d’inquiétude, de culpabilité, de stress allez-vous leur faire porter ?
Et si vous ne prenez pas soin de vous, comment pouvez-vous demander aux autres de le faire ? Et même comment pouvez-vous demander aux autres de vous respecter si vous ne vous respectez pas vous-même ?
Cet hiver, l’idée est d’essayer un autre mode de fonctionnement.
Et peut-être aurez-vous envie de l’adopter en toute saison, même si le printemps y met une touche plus énergique, celle de la croissance. Que vous aurez préparée par votre retraite hivernale.
Alors je vous souhaite une année 2025 merveilleuse, créative, joyeuse, paresseuse, une année d’abondance en ce qui a de la valeur pour vous, et, pour la préparer, un hiver calme, douillet, introspectif et pleinement conscient de la simple joie d’être en vie.
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