Avez-vous peur?

Avez-vous parfois peur? Et si oui vous y autorisez-vous pleinement? L’exprimez-vous, le partagez-vous avec votre entourage? Le sentez-vous réceptif et vous aide-t-il à traverser cette émotion? et toutes celles qui peuvent vous assaillir?
Je vous le souhaite de tout coeur.

Car dans un monde où l’on découvre enfin que la santé mentale est aussi importante que la santé physique, fleurissent les prescriptions sommaires, à coup de « shorts » (bien nommés, aussi courts que les idées qu’ils véhiculent) et de publications racoleuses, qui vous promettent une transformation de votre vie parce que n’est-ce -pas il est si simple, en quelques bonnes habitudes, d’oublier le passé, de pardonner, d’être positif, de prendre plaisir à la vie, de prendre des décisions, de se mettre en action, et de faire fortune…
 
Dans ce monde qui prêche aussi la tolérance et le respect de la diversité, nous  sommes tous appelés à adopter un comportement idéalisé, qui témoignerait de notre réussite, à la mode des réseaux sociaux : mince, musclé, en bonne santé, parfaitement équilibré et serein, vous réussissez brillamment ce que vous entreprenez car vous êtes capable d’affronter toutes les adversités en les accueillant comme des visiteuses bienvenues. Bien sûr vous tirez les leçons de tout cela avec philosophie et partagez généreusement vos apprentissages sur les réseaux, permettant à toute une communauté d’en profiter et de grandir avec vous.

Je voudrais dire ici à quel point ce programme est irréaliste, et surtout peu souhaitable. Irréaliste parce que le plus équilibré des êtres humains se trouve inévitablement aux prises avec ses peurs, ses colères, ses dégoûts et ses désirs, et ne les maîtrise qu’occasionnellement et au prix de gros efforts, louables mais coûteux.

Peu souhaitable car ce sont nos peurs, nos faiblesses, nos difficultés, nos échecs, qui font de chacun de nous un être unique, potentiellement aimable, et en tout cas précieux pour L’humanité toute entière.

La perspective d’une armée de gens toujours gais et bien portants, ne doutant jamais et se mettant au travail avec énergie et bonne humeur chaque jour qui commence me fait, à moi, un petit peu froid dans le dos. Il me semble qu’ainsi nous marcherions vers un peu moins de liberté chaque jour.

Alors, pour 2024, je vous souhaite de vous autoriser – et que votre entourage vous autorise – à avoir peur, à trébucher, à douter, à pleurer de faiblesse ou de rage. Parce que c’est ce qui fait l’être humain. Parce que nous avons une conscience et que c’est cette conscience, typiquement humaine, qui nous rend fragile qui nous angoisse parfois, mais aussi qui nous permet de rêver, et par-dessus tout de créer et de progresser. Nous sommes en effet la seule espèce qui progresse, même si la direction de ce progrès pourrait être débattue. Nous sommes la seule espèce qui apprenne. Or sans émotion, y compris désagréable, pas d’apprentissage.
 
Alors soyons triste ou soyons joyeux, soyons fatigués ou pleins d’énergie, soyons spirituels ou matérialistes. Soyons tout à la fois. Soyons contradictoires. Soyons généreux et parfois égoïstes, fainéants et courageux, et parfois un petit peu lâches.  Tendons toujours vers mieux, mais notre mieux intérieur, celui de notre intime conviction.

Visons à rendre l’humanité vraiment plus diverse, vraiment plus tolérante, et à agrandir toujours le champ de nos possibles, sans règles édictées de façon autoritaire par une opinion publique mal informée ou des « influenceurs » peu scrupuleux (ils ne le sont pas tous).

Enfin bien sûr, si les difficultés vous semblent insurmontables, ou trop douloureuses, il existe de nombreux professionnels dévoués et compétents. On les reconnaît à ce qu’ils vous aident à retrouver votre voie et votre équilibre tels que vous les aurez définis -avec leur aide-, et non tels que votre environnement aura tenté de vous les imposer.

Bonne année 2024 !

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