Si comme beaucoup vous vous sentez au bout du rouleau, las, fatigué, transformé en zombie qui traverse les journées dans la brume, habité souvent par un vague mal de tête, épuisé mais ne dormant pas, vérifiez avant tout avec un médecin qu’il s’agit bien de ce qu’on appelle communément « une déprime » et pas d’une dépression. Parce qu’une dépression est une maladie comme une autre et doit se soigner.
Si ces symptômes ne sont que passagers, qu’ils ne s’installent pas mais reviennent de temps en temps et vous coupent dans votre élan, il s’agit d’un petit « coup de déprime » et ce billet est pour vous :
Vous avez remarqué que quand on est dans cet état, on n’a par définition envie de rien et pas assez de ressort pour s’en sortir. Sinon on n’en serait pas là. La solution n’est donc pas disponible à ce moment-là, au moment où on en a besoin. Elle n’est pas disponible parce qu’elle n’existe pas dans votre cerveau. Vous ne l’avez pas encore fabriquée. Et il est tout à fait normal que vous n’ayez pas les ressources pour la fabriquer quand vous vous sentez abattu.e. Ce serait un peu comme si vous deviez inventer un remède contre la migraine au moment où vous en avez une.
Il faut donc fabriquer la solution en amont (comme le comprimé qui traite la migraine). Quand tout va bien. Et cette solution prend la forme d’une stratégie qui vous permettra de sortir de votre humeur désagréable alors même que vous n’avez aucun ressort pour prendre quelque décision que ce soit.
Il faut donc qu’il s’agisse d’une chose de facile pour vous, qui puisse être actionnée de façon quasi-automatique et qui vous demande peu d’effort. Quelque chose que vous maîtrisez, que vous faites avec aisance et même avec plaisir.
Est-ce que cela évoque quelque chose pour vous ? Que faites-vous comme ça ? Jouer au foot, lire un article sur la préhistoire, faire des exercices de physique, écouter de la musique à fond, en jouer, cuisiner, ranger, organiser les prochaines vacances ? La seule chose importante est qu’il s’agisse de quelque chose d’actif. Qui mette en marche des compétences un petit peu plus complexes que regarder des videos de chatons.
Pourquoi ? Parce que votre cerveau ne va pas réussir en entretenir son blues ET réaliser une telle action. Parce qu’il faudra quand même peser la farine et casser les œufs et faire attention à ne pas faire de grumeaux, ou éviter de marquer un but contre son camp, ou se souvenir des paroles de la chanson qu’on chante à tue-tête, …. Et ce faisant, votre état émotionnel désagréable n’aura plus lieu d’être. Disparu, envolé. Je vous le promets.
Donc premier étage de la stratégie : Choisir une activité facile pour vous et plaisante (ou plusieurs pour en avoir toujours une réalisable. On ne va pas faire des crêpes au bureau ni jouer au foot dans le centre de Paris, mais on peut discrètement lire quelques pages ou écouter sa chanson préférée).
Mais ce n’est évidemment pas si simple : quand vous êtes au fond du trou, vous n’avez envie de rien, même pas d’une activité qui vous ressource.
Il faut donc un 2e étage à notre statégie anti-déprime : le déclencheur. Le « truc » qui va vous faire basculer dans l’activité en question. Et il faut le préparer autant que l’activité elle-même. C’est ce qu’on appelle un ancrage : un geste, un objet, un son qui déclenche en vous l’activité. Oui, ça a quelque chose de pavlovien, mais c’est justement ce dont on a besoin à ce moment-là.
Prenons l’exemple de m’assoir dans un fauteuil dans lequel je ne m’assieds pas habituellement (vous avez compris qu’il faut un geste réservé à cet usage de déclenchement). Je vais régulièrement, chaque jour si possible, m’assoir dans ce fauteuil et lire quelque chose qui me ressource (mes activités ressource étant la lecture ou l’écriture). Pas nécessairement longtemps. D’autant que, si c’est un peu trop court à mon goût, ça va me donner envie d’y retourner régulièrement et créer une sorte de manque (inoffensif et très utile ici). Donc je m’assieds chaque jour 10 ou 15 mn dans ce fauteuil et je lis quelque chose qui me captive. Pendant ce temps, je suis absorbée, sereine, et agréablement sollicitée intellectuellement. C’est un très bon moment (n’oubliez pas: à vous de trouver le vôtre).
L’ancre est en place : m’assoir dans ce fauteuil appelle la lecture agréable qui crée du plaisir, donc chasse le blues. Dès que je me sens d’humeur chagrine et que je manque d’énergie pour faire quoi que ce soit pour en sortir, je sais que je n’ai qu’à aller m’assoir dans ce fauteuil.
Alors, sans avoir besoin de faire appel à ma volonté, je vais me mettre à lire et m’évader.
Sur ce modèle, vous devez créer votre propre couple ancrage/action. Cela peut être aussi simple que:
– enlever sa montre/faire la cuisine ;
– fredonner les premières notes d’une chanson (toujours la même)/jouer du piano ;
– allumer une bougie parfumée/écrire ;
– ouvrir la fenêtre/mettre ses chaussures pour aller courir (et y aller)…
– ouvrir un tiroir (toujours le même)/ranger (pas ce tiroir, il l’est depuis longtemps!)
Votre stratégie anti-blues est prête. La prochaine fois que vous avez une baisse de moral (je rappelle qu’il faut bien la distinguer d’une vraie dépression), la seule chose que vous aurez à faire sera de vous assoir dans ce fauteuil, enlever votre montre, fredonner quelques notes de musique, allumer une bougie, ouvrir la fenêtre ou le tiroir. Votre inconscient fera le reste, vous entraînera dans l’action, et vous échapperez à votre morosité.
Je vous conseille de commencer à mettre en place votre stratégie dès aujourd’hui, puisque vous êtes en forme !
Et n’hésitez pas à partager ici vos expériences ancrage/action!