Mardi matin effroyablement gris. Début de journée récalcitrant. Modifications de rendez-vous, annulations. Quelque chose semble résister à l’ordre que j’avais mis dans cette journée. Facile de se laisser envahir par une sorte de vague à l’âme saisonnier, fils de la grippe et du mois de janvier. Tentant d’abuser du chocolat, de trainer sur les réseaux sociaux, de feuilleter un magazine sans même en lire le moindre article.
Mais j’ai une grande chance, que je voudrais partager avec vous : me connaissant un peu, je sais ce qui peut me sortir de cet état peu satisfaisant. Entendez-moi, il ne s’agit en aucun cas d’un jugement moral, et il est avéré que l’oisiveté, loin d’être la mère de tous les vices, est celle des plus grandes idées et réalisations humaines. Si je trouve cet état peu satisfaisant, c’est qu’il s’agit d’une oisiveté sans joie, qui n’est qu’un renoncement un peu prématuré à une journée productive. Il s’agit donc d’en sortir. Et j’ai pour cela quelques motivations intrinsèques qui me guident. Je sais ce que j’aime, ce qui me fait me sentir pleine, dense, vraiment vivante. Tout n’est pas à portée de main dans mon bureau, mais une chose l’est, comme elle l’est toujours et partout, c’est écrire.
Ce n’est évidemment pas si simple que cela pourrait paraître. Ecrire, mais écrire quoi, pour qui ? Je vais vous faire une confidence, j’écris souvent pour rien ni pour personne. Des textes dont je sais qu’ils ne seront jamais lus. Il y en a des « bouts » qui traînent partout sur mon ordinateur, portant des titres tellement surprenants que je n’ai aucune chance de jamais les retrouver volontairement. Mais il m’arrive de les rencontrer au hasard d’un recherche, parfois (rarement) de les recycler, mais en tout cas chacun est chargé de la mémoire d’un moment, et je pourrais dire de chacun ce qui m’a motivée à l’écrire, dans quel état d’esprit j’étais, dans quel lieu et même dans quelle position je l’ai fait. Ce sont comme des cailloux de petit poucet qui jalonnent ma vie, témoins du chemin parcouru, des retours en arrière, des errances, des frayeurs, mais aussi des succès et des joies.
Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous raconte ça. Et bien c’est pour illustrer le fait que l’on peut entreprendre des choses sans leur assigner un objectif, pour le simple plaisir de faire. C’est sur ce « simple » plaisir que reposent les motivations intinsèques (ou primaires). Ces choses que vous aimez faire juste pour les faire, depuis toujours, que vous les réussissiez ou non, qui sont une récompense en elles-mêmes, qui vous remontent le moral ou vous donnent envie de vous lever le matin. Ces choses sont magiques. Elles ont le pouvoir de vous extraire de la pire mauvaise humeur, du stress le plus lancinant, des idées les plus noires. Elles sont un trésor pour vous-même.
Elles demandent cependant un préalable, c’est d’être découvertes! Or elles sont bien souvent étouffées par des injonctions, des croyances (souvenez-vous du saboteur https://www.paulinecharneau.com/quand-la-peur-devient-notre-alliee/) qui vous interdisent des les entendre. Je vous parlais des valeurs et des anti-valeurs récemment https://www.paulinecharneau.com/respect/, vous reconnaîtrez là les ennemis potentiels de nos motivations intrinsèques. Ces motivations que je compare parfois à des trésors enfouis, mis à jour par la patience d’un archéologue qui, muni d’abord d’une pelle, puis d’instruments beaucoup plus subtils au fur et à mesure que le trésor apparaît, dévoile enfin la splendeur d’une œuvre inconnue, recouverte par des siècles de vents de sable.
Je vous recommande donc avant tout d’être l’archéologue de votre vie, et d’aller chercher tout au fond de vous-même ce qui parfois y dort depuis votre plus tendre enfance, recouvert par les « il faut » et « c’est bien de » assénés dès lors et sans fin. (Etre accompagné dans cette recherche la rend plus aisée. les coachs sont là pour ça.)
Mais une fois dégagées et éclairées, ces motivations peuvent rester très discrètes si vous n’y prêtez pas attention. J’aurais pu ne pas décider d’écrire ce matin. Ça n’aurait pas été douloureux. Je n’aurais sans doute pas ressenti de manque, en tout cas pas précisément celui-là. J’aurais juste trouvé ma journée un peu vaine, je serais restée dans ma mollesse grisâtre. Donc prenez garde: ne pas faire vivre ses motivations intrinsèques ne mettra pas le feu à votre vie. Cela risque juste de vous faire passer à côté …
Or le tout premier pas demande un peu de courage. Je savais, d’expérience, en m’y mettant ce matin, que le début serait laborieux. J’ai d’ailleurs plusieurs pages avant de me décider à vous parler des motivations intrinsèques. Des pages poussives, qui tournaient en rond, qui ne disaient pas grand-chose.
C’est que toute activité nécessite un temps de chauffe, physique ou intellectuel. Si vous savez que faire la cuisine vous fera du bien, peut-être dans un premier temps serez vous un peu découragé par les courses à faire, si jouer du piano vous transporte, peut-être serez vous freiné par l’idée que vous n’avez plus joué depuis longtemps et que vous risquez de faire des fautes, si vous aimez courir, cet affreux crachin peut vous décourager …
Et pourtant, vous avez là à votre disposition une des clés les plus précieuses de votre épanouissement.
Car à force de mettre plus de choses que vous aimez faire dans votre vie, vous gagnerez non seulement en bien-être immédiat, mais vous irez aussi plus loin dans la découverte de vous-même, et vous aborderez des régions pour l’instant inconnues de vous, des réserves de désir et d’énergie qui vous porteront bien plus loin que vous ne l’aviez imaginé. Vous creuserez des domaines que vous n’aviez qu’effleurés, approfondissant vos talents ou vos connaissances, développant de nouvelles activités, de nouveaux liens sociaux, créant pour vous un monde riche et gratifiant. Et c’est ainsi que, ultime magie, vous vous sentirez légitime, à votre place, pleinement aux commandes, et que vous renforcerez votre confiance en vous et votre liberté intérieure.
Alors, qu’aimez-vous faire ?