Pourquoi danser sur le Pont Royal?

Volontiers, spontanément, et avec plaisir

Il faudrait faire le plus souvent possible ce que l’on fait volontiers, spontanément, et avec plaisir. Ce sont les choses qui nous motivent le plus, et dans lesquelles nous sommes donc les plus performants. Et c’est là où nous sommes le plus performants que nous avons le plus à apporter à nous-mêmes et au monde, quel qu’y soit notre rôle.

La motivation vient en effet d’un circuit complexe de récompense lié à notre tempérament. Il est très difficile d’aller contre ce tempérament et de se motiver pour quelque chose qui ne nous procure aucun plaisir. Je parle du plaisir de faire, qui est différent du plaisir de réussir :

Si je n’aime pas faire la cuisine mais que je réussis tout de même mon bœuf bourguignon, j’en tirerai une satisfaction ponctuelle qui ne constituera pas une motivation à refaire, puisque je n’aurai pas le souvenir du plaisir de faire. En revanche, si j’aime faire la cuisine et que je rate ma tarte aux pommes, je la referai jusqu’à que je la réussisse, parce que j’aime être dans ma cuisine les mains dans la farine, le résultat important peu. Pourtant, il y a fort à parier que ma tarte aux pommes sera un jour parfaite. Dans le premier cas, j’aurai réalisé une fois un plat convenable, dans le deuxième je serai devenue un as du dessert préféré de ma famille et je le ferai régulièrement. La famille y aura gagné, et moi aussi (pendant ce temps, je prendrai du plaisir !).

Trop facile ?

Je vous entends me dire que la vie serait trop facile si on pouvait ne faire que ce que l’on aime. Bien sûr. Mais l’on peut très certainement se rapprocher de cet idéal. Encore faut-il savoir réellement ce que l’on aime, ce qui n’est pas si simple qu’il y paraît.

Pourriez-vous aisément dire ce que vous faites volontiers (sans obligation) spontanément (sans avoir vous-même cherché à vous en persuader avant), et dont vous retirez à tout coup du plaisir ? Une de ces actions presque irrépressibles, dont l’absence vous rend malheureux ?

Et tirer le fil de ce plaisir jusqu’à voir en quoi il peut créer une motivation « utile » ?

Moi par exemple, j’aime par-dessus tout marcher dans Paris. Traverser la Seine. Admirer cet incroyable paysage de pierres, en ressentir l’âme du fond de mon être, de mon corps. Ça me donne envie de danser. J’aimerais danser sur le Pont Royal. Ce serait une valse, que je danserais seule, en donnant le plus d’ampleur possible à mes pas. Ou je tournerais tout simplement sur moi-même, les bras grand ouverts, comme un derviche, dans une sorte d’extase.

D’y penser j’ai envie d’étirer mes bras et d’ouvrir ma poitrine à cet air frais que j’imagine. Les petites scories du jour retombent et l’humeur médiocre qui m’accompagnait jusque là s’efface, un peu honteuse d’avoir pris tant de place alors que le Pont Royal est là, que mon corps est là, que la vie est là.

Et ensuite j’ai envie de vous en parler. De partager mes bonheurs, mes découvertes, ce qui fait que mon cœur s’ouvre ou se sert, s’emporte ou s’apaise.

Pourquoi ce besoin de vous en parler ? Qu’importe en réalité ?

J’aime ça, je le fais spontanément, volontiers et avec un immense plaisir. Mes mains sur le clavier, dialoguant avec ces petites touches noires parfois si récalcitrantes à ma dactylographie approximative, vibrent de ce désir qui devient acte.

Le monde y gagne

Le résultat est sans doute imparfait, mais c’est malgré tout ce que je fais de mieux.  J’y gagne, et le monde y gagne, à une toute petite échelle, si je touche quelques lecteurs à chaque publication.

Mes promenades, mon besoin d’art, mes lectures, que parfois je me reproche comme un privilège immérité, et pire encore, dont j’ai parfois l’impression (fausse) que les autres ne m’en reconnaissent pas le droit, ces « loisirs » sont mes poumons. Et quand que je respire très profondément, que les voilà emplis tout à fait, que je me sens vraiment pleine, comme dans « plénitude », je peux enfin donner le meilleur de moi-même.

Ce temps volé à l’action productive me mène à produire ce que je fais de mieux, et le bonheur de faire me mène à le vouloir encore.

C’est pour cela qu’il y a fort à parier que vous continuerez à recevoir mes articles encore longtemps !

Et vous, qu’aimez-vous vraiment faire ?

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