Je ne veux pas être neutre

Plombière ou esthéticien ?

Il y a aujourd’hui une idéologie rampante (et qui d’ailleurs commence à se mettre debout) qui voudrait qu’il n’y ait pas de différence entre les hommes et les femmes.

J’ai ainsi entendu il y a quelque temps Valérie Toranian, directrice de la rédaction de Elle, déplorer au micro de France Inter que les petites filles aillent toujours, « malheureusement » vers les déguisements de princesse et les petits garçons vers les camions de pompier. Ou bien voyons ce reportage du Monde du 12 septembre 2012 : « dans la salle de classe des 3ème « prépa pro », au lycée professionnel Le Champ de Claye, en Seine et Marne, la ministre des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem demande aux élèves quel métier ils veulent faire. Les garçons veulent être plombier, mécanicien ou climatiseur. Les filles, esthéticienne. « Pourquoi aucun garçon ne veut être esthéticien ? », demande la ministre. « Je crois que vous avez réussi la démonstration », lui lance le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon. » .

Que nous a donc démontré la Ministre ? Que démontre le fait que les garçons ont plus envie d’être plombier qu’esthéticien ?

Que les filles se sentent inférieures aux garçons ? Qu’elles sont victimes de stéréotypes et que si elles avaient été élevées autrement elles auraient choisi d’être plombier ? Et que les garçons, s’ils n’étaient pas victimes d’une éducation machiste, choisiraient en masse d’être esthéticiens ? Parce que plombier (plombière devrais-je dire) c’est mieux qu’esthéticien, ou l’inverse ?

Juste différents ?

Croyez-vous que beaucoup de femmes ont envie de confier leurs petites misères physiques et les angoisses métaphysiques qui vont avec à un homme, ou bien qu’en grande majorité elles préfèrent pour cela être entre femmes ? Najat Vallaud-Belkacem doit pourtant savoir comme une esthéticienne bien choisie devient une amie, une confidente, quelqu’un avec qui l’on rit de ses bonheurs et pleure de ses douleurs dans une confiance et une complicité qui n’est possible qu’entre personne du même sexe. (Merci Valérie, Barbara, Ornella). Et il se trouve que nous vivons un temps où se sont plutôt les femmes qui s’épilent, se font les ongles, prennent soin de leur peau, se maquillent. Le marché semble donc plus demandeur d’esthéticiennes que d’esthéticiens, et il semble assez normal que les femmes soient plus attirées vers ce métier que les hommes, du seul fait qu’elles en sont naturellement clientes, contrairement aux hommes. Cela changera sans doute le jour où la mode sera aux soins esthétiques pour les hommes. Et je ne suis pas convaincue que cela soit la preuve d’une discrimination ou d’une inégalité, sans doute juste d’une différence.

Et libres de l’être

En revanche, je me sens bafouée en tant que femme si l’on me demande de devenir neutre. Si je dois, au mépris de ma nature féminine, prétendre être la même que l’homme. Je suis fière d’être femme, j’aime être femme, et j’aime les hommes pour ce qu’ils ont de différent et de complémentaire à moi. A l’heure de la diversité, voulons-nous rendre honteuses les différences sexuelles et priver les deux sexes de la liberté d’être différents ? Assurons-nous de garantir l’égalité des droits, mais ne jouons pas aux directeurs de conscience.

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